- HAVAS (AGENCE)
- HAVAS (AGENCE)HAVAS AGENCEEn 1825, Charles-Louis Havas ouvre un bureau de nouvelles, en annexe à son bureau de traduction de presse; en 1835, le succès venant, ce bureau devient l’Agence Havas, avec comme clientèle les principaux journaux parisiens. La conquête de la clientèle des journaux de province passe par la création d’un service de publicité qui prend en charge la gestion des annonces (C.G.A.). En 1845, Charles Duveyrier crée, à Paris, la Compagnie générale des annonces. Jusque-là, en effet, petites annonces et publicité (introduite dans la presse par Émile de Girardin en 1836) étaient collectées et gérées par les journaux eux-mêmes. La C.G.A. est intégrée en 1857 au secteur publicité de Havas et devient la Société générale des annonces. Les deux secteurs de l’agence, information et publicité, bénéficient de la forte croissance des quotidiens sous la IIIe République. Mais, à partir de 1920, c’est la publicité qui apporte l’essentiel des ressources. En 1930, Havas contrôle la régie de plus de deux cent quarante journaux et commence à se diversifier en prenant des intérêts dans la radio naissante (Radio-Luxembourg) et le cinéma. C’est durant cette période que l’activité des agences de publicité évolue au-delà de la régie vers la fonction de conseil, c’est-à-dire de conception de campagnes et de création de messages.Mais, à partir de 1935, la conjoncture économique difficile fait chuter les recettes de l’agence, aussi bien pour le secteur information que pour le secteur publicité. La nationalisation de la branche information, déjà évoquée par le gouvernement du Front populaire, est réalisée en 1940 par le gouvernement du maréchal Pétain. Sous le nom d’Office français d’information (O.F.I.), elle est placée sous le double contrôle de l’État français et d’un groupe commercial allemand. Créée par une ordonnance du 30 septembre 1944, l’Agence France-Presse prendra la succession de l’Agence Havas et occupera les installations de l’O.F.I.La branche publicité reste société privée jusqu’en 1941, date à laquelle les Allemands acquièrent 47 p. 100 du capital. En 1944, l’État, par la confiscation des biens détenus par les Allemands et le gouvernement de Vichy, se trouve actionnaire majoritaire de l’Agence Havas, la nomination de son président relevant de la compétence du gouvernement. Ce statut va perdurer jusqu’en 1987, date de la privatisation des parts de l’État. Après une période difficile dans l’immédiat après-guerre, le redressement économique général permet un démarrage de la consommation, et donc une forte demande de publicité qui va naturellement trouver place dans un marché des médias en expansion, en particulier avec l’ouverture des écrans de télévision à la publicité en 1968. L’Agence Havas bénéficie de cette conjoncture favorable, malgré la concurrence du groupe Publicis (créé en 1927 par Marcel Bleustein-Blanchet), celle de nouvelles agences (R.S.C.G., rachetée depuis par Eurocom) et la pénétration du marché français par des agences américaines (Lintas, Young & Rubicam). Les agences de publicité élargissent encore leurs activités, en particulier par la gestion directe de budgets d’annonceurs et le médiaplanning. L’Agence Havas, outre la régie publicitaire de quelque cent soixante-dix journaux et périodiques, crée des filiales dans divers secteurs: radio (Information et Publicité), cinéma (Cinéma et Publicité), affichage (Avenir), annuaire du téléphone, tourisme (Havas Voyages).À partir de 1970, la diversification du groupe va suivre deux voies: internationalisation des activités publicitaires et intervention directe sur le marché des médias. La création d’Eurocom (contrôlé à 45 p. 100 par Havas) permet de fédérer les activités de publicité en association avec d’autres réseaux (Bélier, Univas, Bazaine et Futurs): la société ainsi constituée va se développer essentiellement sur les marchés européens, où elle occupe la première place, et nord-américains grâce à l’association avec Young & Rubicam. En 1973, Havas acquiert 45 p. 100 du groupe Usine Publications, devenu depuis Compagnie européenne de publication (C.E.P.), principal groupe français de presse économique et industrielle. Le rachat, par la C.E.P., des éditions Nathan puis Larousse et l’association avec les Presses de la Cité permettent la mise en place, en association avec la Compagnie générale d’électricité, d’un groupe d’édition directement concurrent de Hachette. Déjà actionnaire à 30 p. 100 de la Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion (C.L.T.), le groupe, sous l’impulsion d’André Rousselet, s’oriente vers la télévision et lance, en 1984, la première chaîne française de télévision à péage, Canal Plus. L’Agence Havas est ainsi devenue le premier groupe multimédia français et figure parmi les principaux groupes européens de communication.
Encyclopédie Universelle. 2012.